Elle n’avait pas été aussi élevée depuis… 1991. L’inflation - c’est-à-dire la hausse générale et durable des prix – atteint 3,3% en un an, et
les prix à la consommation ont augmenté de 0,5% en mai par
rapport à mai 2007, a annoncé l’Insee ce mercredi. Une forte inflation qui «provient principalement du renchérissement des produits pétroliers, mais aussi, de manière saisonnière, de celui des
produits frais et des autres services», indique l'Institut national de la statistique. Décryptage, avec l’aide d’Elie Cohen, économiste au CNRS.
A quoi l’inflation est-elle due? Malgré un ralentissement de l’économie en Europe et aux Etats-Unis, les pays émergents tirent vers le haut la consommation de pétrole, entraînant
une hausse des prix. Le taux de change du dollar n’est pas non plus étranger à ce phénomène. «Plus le dollar baisse, plus les pays producteurs de matières premières augmentent les prix», explique
Elie Cohen. Et ce, pour compenser le manque à gagner. Le cercle vicieux s’amorce: le prix du pétrole ne cessant d’augmenter, il attire les investisseurs et devient objet de spéculations. Le pétrole
devient alors une «valeur refuge». «Les investisseurs préservent leurs actifs en investissant dans les matières premières» poursuit Elie Cohen.
Est-ce grave? «L’accélération de l’inflation ne s’est pas encore diffusée sur le reste de l’économie, tempère Elie Cohen. Historiquement, ce qui fait peur, c’est la répercussion de
la hausse des matières premières sur les prix et les salaires comme dans les années 1970.» En somme, il faut à tout prix éviter «l’emballement inflationniste».
Comment endiguer le phénomène? Difficile à l’échelle de la France d’agir. C’est à la Banque centrale européenne (BCE) d’intervenir. «Le pari de Jean-Claude Trichet est d' augmenter
les taux d’intérêts.» Le but: stimuler l’épargne, limiter la consommation et l’endettement. Dans le même temps, la demande d’importations et donc de matières premières baisserait.
Quel impact cela peut-il y avoir pour les consommateurs? Il s’agirait aussi de bloquer la hausse des salaires. «La hantise de la BCE, c’est d’entrer dans une spirale de hausse des
prix et hausse des salaires, insiste Elie Cohen. Pour éviter cela, il faut geler les salaires. Les autorités pourraient réussir à refroidir l’inflation sur quelques trimestres.» Dans ce contexte,
les salariés pourraient encore être ceux qui trinquent. «Le pouvoir d’achat des salariés va souffrir en 2008», confirme Elie Cohen.
Et si cette solution ne fonctionne pas? «Nous pourrions aboutir à un scénario de stagflation. Nous aurions un maintien de l’inflation, avec une moindre croissance et une stagnation
des salaires, c’est-à-dire, une nouvelle perte du pouvoir d’achat», conclut Elie Cohen.
AFP/Infographie ¦ Evolution de l'inflation en France sur un an
Valérie Zoydo
20Minutes.fr, éditions du 11/06/2008 - 14h02
AFP/Infographie ¦ Evolution de l'inflation en France sur un an